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Spinoza, dernière partie, comment être heureux...
Je vous offre à présent la dernière partie de l’Ethique de Spinoza, revue et bien comprise, par M.Giuliani.
Cette partie très profonde et très pratique, donnent des enseignements que l’on devrait à mon sens toujours avoir en tête. C’est un peu ma nouvelle Evangile… Mais jugez par vous-même, de grâce, et faites vous votre propre avis…
Partie5 : Béatitude
Pour accéder à la béatitude, il faut d’abord être fondamentalement libre de tout attachement. Il faut trouver une nouvelle manière d’aimer.
La béatitude est un amour absolu.
Il faut, par exemple, dans le cadre de la passion amoureuse, aimer La Vie, l’être infini, qui est caché derrière l’être aimé plutôt qu’aimer l’être lui-même. Ainsi, on est amoureux, dans la joie, mais pas dépendant. Et on apprécie pleinement et La Vie, et l’être en question, sans tiraillement intérieur ou passions nous happant.
Grâce à l’amour de La Vie, de l’être infini (lequel comprend également ce qui nous affecte négativement), et grâce à ce détachement, on peut aussi par exemple combattre pour la justice, avec force, mais toujours dans la douceur, dans la générosité, et sans haine ou animosité. Et c’est bien le détachement qui permet cela. (J’en veux pour exemple les ultragauches qui cassent tout sur leur passage pour défendre leurs idées. Ceux-ci n’ont malheureusement pas ce détachement, et leurs causes, aussi nobles soient-elles, leur sont devenus des passions tristes qui les guident à la place de leur raison. Il y aurait beaucoup d’autres exemples)
La liberté, donc, se gagne en ce détachant de ce que l’on aime. Car en y étant plus attaché, on a plus peur de perdre quoi que ce soit.
Et cette liberté nouvellement conquise permet au final de mieux jouir de ce que l’on a, en en étant plus « malade », dépendant.
Pour se libérer, il faut donc simplement aimer le Tout.
Etre dans la béatitude, c’est être dans la joie pure, avoir l’intuition direct de la vie. C’est voir les choses dans leur essence éternelles, dans leur unicité, hors de l’espace-temps. C’est la connaissance du troisième genre…
Etre dans la béatitude, c’est sentir notre pouvoir créatif, sentir que nous sommes une partie de Dieu, une des modalités d’être de l’être infini. Cela peut se sentir dans les arts, dans l’amour, dans un regard simple.
Voici désormais quelques conseils pratiques, tirés de la philosophie de Spinoza :
Il faut toujours savoir faire des choix entre des désirs ou passions contraires. Etre en balance empêche le bonheur, rompt la joie. Il faut se réaliser, choisir, jamais tergiverser. Et il faut être moins dépendant des objets et personnes cible de nos désir, pour nous trouver nous-mêmes.
Nous n’avons besoin d’absolument rien posséder en particulier pour être dans la joie. Le détachement amène a la sérénité, à l’enthousiasme, à la joie, et nous cessons d’être « bouffé » inutilement.
Tout ce qui arrive, arrive nécessairement. Si l’esprit accepte la nécessité de La Vie, ne reste plus alors qu’un bonheur stable. Seul compte vivre dans la joie, et être conscient de sa divinité.
En résumé, pour devenir sage, les recettes sont simples, si l’on accepte d’ouvrir les yeux sur ce qui fonde notre bonheur, notre joie :
-A la haine, il faut répondre par la générosité, meilleure des solutions.
-Au problème de l’argent, il faut répondre que seul ce qui permet de simplement vivre est nécessaire.
-A la révolte face à l’injustice et face à nos ennemis, il faut se rappeler de la détermination des autres, se rappeler qu’ils ne sont en réalité pas libres. (« Ils ne savent pas ce qu’ils font » disait le Christ). Cela n’empêche pas d’œuvrer dans le sens du bien commun. Faire le bien commun, c’est faire du bien au Tout dont nous sommes une partie. C’est donc se faire du bien.
-A la colère face à de grandes causes qui nous indignent, finance, écologie, ou que sais-je, il faut se rappeler qu’en vivant dans l‘enthousiasme, nous sommes plus apte et plus efficace pour agir et guérir le monde dans la mesure de nos moyens.
-A la recherche de l’amour, de la gloire, essayer de comprendre qu’aimer et aider les autres, reste le plus doux, et que le mouvement au fond est le même. Aimer autrui, c’est être aimé. Car l’autre est un miroir et car nous sommes le même tout.
-Au dépressif, rappeler sa puissance, son unicité, sa divinité, lui faire retrouver l’enthousiasme de La Vie infinie. Il en est.
Au bonheur, le mot d’ordre est le suivant : Prudence.
Vérifions au quotidien, à chaque instant, que l’on use bien de la raison pour avancer dans notre vie. Et gardons toujours en nos cœurs, notre amour de La Vie et de nous-mêmes.
Avoir cela en tête à chaque instant, c’est être philosophe tous les jours.
S’il faut veiller à toujours garder des sources de joie à portée de main.
S’il faut méditer sur l’unité de l’être infini et sa plénitude.
S’il faut sans cesse chercher la cause de nos nouvelles passions pour que celles-ci ne nous enchainent pas.
S’il faut développer notre sagesse par de belles lectures, écritures, dialogues, par un soin particulier à notre corps (sport, sexualité, jeux…)
Il faut aussi et surtout avoir en tête que si la raison est notre meilleure alliée, notre plus belle chance, elle avant tout une porte vers le mystique, un accès d’entrée, et non ce qui nie ce dernier.
Spinoza est le plus grand des rationalistes, mais ses réflexions les plus poussées nous amènent au final sur la voie de la transcendance. Une transcendance dans l’immanence, dans le Tout horizontal.
Et à la force de la raison, il entrouvre les portes du mystique…
Damien Corban
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